DIAPASON n°591 - Page 10 - Plus de 200 morceaux expliqués pas à pas par les plus grands professeurs Marie-Josèphe Jude Michel Béroff Laurent Cabasso François Chaplin Jean-Marc Luisada Bruno Rigutto Jacques Rouvier OFFRE SPÉCIALE POUR LES LECTEURS DE DIAPASON 20% DE REMISE SUR TOUS LES COURS ET ABONNEMENTS AVEC LE CODE PROMO DIAP0511 (JUSQU'AU 31 MAI 2011) sommaire DIAPASON N° 591 5 L'éditorial d'Emmanuel Dupuy 6 Les Indispensables de Diapason ACTUALITÉS 9 Coulisses 12 Tête d'affiche • William Christie / Jean-Marie Villégier 14 Hommages 16 Livres 18 Télévision 20 Instruments 22 EN COUVERTURE FRANZ LISZT 44 Chronique d'Ivan A. Alexandre SPECTACLES 47 Voir et entendre 52 Calendrier 60 Vu et entendu CONTACT ABONNÉS: gisele.taldir@mondadori.fr 68 INTERVIEW STEPHEN SONDHEIM 72 Ce jour-là par Claude Samuel LE DISQUE 75 Le billet de Gaétan Naulleau 76 LES DIAPASON D'OR 78 Le point sur... les Douze études d'exécution transcendante de Liszt 82 En bref 85 L'événement du mois 86 LES 200 COMPACTS CRITIQUÉS PAR DIAPASON 114 Le collectionneur 118 Les DVD-Vidéo artp Du 15 AU 29 MAI : Dix émissions consacrées à Mahler. LE SON 123 Quinze casques de 129 € à 2250 € 134 Nouveautés hi-fi 140 Petites annonces RADIO 142 Les concerts de France Musique NOTRE COUVERTURE : AKG-IMAGES. PHOTOS : DR / LEBRECHT-RUE DES ARCHIVES / ELISA HABERER-OPÉRA NATIONAL DE PARIS. Avec ce numéro, vous trouverez un encart « Orchestre de Paris » pour les abonnés Ile-de-France uniquement, posé en 4e de couverture ; un encart « Salon Home Image S Son » pour la région Rhône-Alpes, de 4 pages posé en 4e de couverture. Le CD « Diapason d'or» est un complément éditorial aux pages 76-77. Commandez vos disques sur• m vont OTSOUAMF CLASSÉOUE A DOMKHCM diapasonca.com voir pages 145-146 WHAT HI H ? S O U N D A N D V I S I O N 0 . Noblesse oblige Issu du projet «Concept Blade», la toute nouvelle Série de KEF, «Q Sériés», constitue un véritable bond en avant en termes de plaisir d'écoute ! Retrouvez la liste de nos revendeurs agréés KEF «Q Sériés» sur notre site www.kef.com/fr Retrouvez la liste de nos revendeurs agréés KEF «Q Sériés» sur notre site www.kef.com/fr Q Sériés Tout nouvel ensemble Uni-Q Signature de la marque, cet ensemble medium aigu incroyablement sophistiqué, a été entièrement redessiné. Quand nos ingénieurs ont carte blanche, le résultat obtenu est un son fluide, spacieux et authentique où que vous soyez. Technologie de basses d'avant-garde Des basses à l'avant garde de la technologie. 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E-mail: prénom.nom@mondadori.fr Rédacteur en chef: Emmanuel OUPUY [53 04] Directrice artistique: Celma MARTINET [51 24] Calendrier des concerts, guides: Pierre-Etienne NAGEOTTE : calendrier.diapason@mondadori.fr Assistant - iconographe : Paul CHEVALIER [5736] Chef de rubrique - chroniqueur: Ivan A. ALEXANDRE Chef de rubrique (actus, dossiers, spectacles) : Nicolas BARON [52 04] Chef de rubrique (disques): Gaétan NAULLEAU [5248] Chef de rubrique (hi-fi): Thierry SOVEAUX [51 15] Secrétaire de rédaction : Elisabeth NARDIN [54 97] Secrétaire de rédaction - Rédacteur : François LAURENT [59 49] Ont collaboré à ce numéro: Pierre-Emile Barbier, Jérôme Bastianelli, Bertrand Boissard, Jean Cabourg, Hélène Cao, Gérard Condé, Benoît Fauchet, David Fiaia, Brigitte François-Sappey, Jean-Charles Hoffelé, Jean-Claude Hulot, Alain Lompech, Harold Lopparelli, Rémy Louis, Paul de Louit, Jean-Luc Maaa, Laurent Marcinik, Mehdi Mahdavi, Christian Merlin, Jean-Michel Molkhou, Etienne Moreau, Denis Morrier, Michel Parouty, Jean-Marie Piel, Jérôme Prin, Philippe Ramin, Pierre Rigaudière, Olivier Rouvière, Claude Samuel, Philippe Simon, Nicolas Southon, Patrick Szersnovicz, Roger-Claude Travers, Laurent Valière, Laura Verdie, Philippe Vendrix. DIRECTION-EDITION Direction Pôle: Jean-Luc BREYSSE BUSINESS MANAGER Patricia FAGGIANO DIFFUSION www.vendezplus.com Directeur: Jean-Charles GUERAULT Responsable diffusion marché: Fabien LEBOUHOULEC MARKETING Directrice abonnements: Sabine AGUERA Responsable abonnements et VPC: Gisèle TALDIR Chargée de promotion : Annie PERBAL [01 41 8617 55] PUBLICITÉ [Tél: 01 41 33 51 99] [Fax: 01 41 33 57 26] Directeur de la publicité: Gilles CARDON [52 53] gilles.cardon@mondadori .fr Directeur de clientèle Concerts, festivals, instruments: Etienne GANUCHAUD [53 46] Chef de publicité Hi-fi, Club hi-fi, Club instruments, Annonces classées: Olivia MORENO [51 06] Assistante de publicité: Christine AUBRY [51 99] Maquettiste: Samir OUESLAT! FABRICATION Daniel ROUGIER [29 17] Agnès COLLIN [22 08] FINANCE MANAGER Géraldine PELLERIN EDITEUR Mondadori Magazines France SAS Siège social: 8, rue François Ory, 92543 Montrouge Cedex Président et Directeur de la Publication: Jean-Luc BREYSSE Actionnaire: Mondadori France SAS Imprimeur: Maury Imprimeur BP12-ZIRouted'Etampes 45331 Malesherbes Cedex N° ISSN: 1292-0703 Commission paritaire: 0215 K 87093 Dépôt légal : avril 2011 c PRESSE PAYANTE 2009 éditorial Emmanuel Dupuy Rédacteur en chef U ne fois n'est pas coutume : petit exercice de chauvinisme. Nous avons, en France, une école de violoncelle dont nous pouvons être fiers. Laissons-nous guider par l'alphabet et alignons quel- ques noms : Emmanuelle Bertrand, Gautier Capuçon, Marc Coppey, Henri Demarquette, Alexis Descharmes, Ophélie Gaillard, Anne Gastinel, Anthony Leroy, Jérôme Pernoo, Xavier Philips, Raphaël Pidoux, Jean- Guihen Queyras, François Salque... Tous trentenaires ou à peine quadras, ils ont derrière eux des carrières bien remplies. Et déjà la relève se profile : les tout jeunes (nés en 1990) Yan Levionnois et Victor Julien- Laferrière sont en embuscade. Inutile de remonter à Sainte Colombe et Marin Marais pour se rappeler que le violoncelle et son ancêtre la viole de gambe ont toujours joui, sous nos latitudes, de faveurs particulières. Souvenez- vous des « quatre mousquetaires », les Fournier, Gendron, Tortelier. Navarra, qui triomphaient de la pointe de leurs archets au siècle dernier. Suivis de Roland Pidoux ou Philippe Muller, maîtres qui assurent aujourd'hui encore la transmission au Conservatoire de Paris. Sans oublier ce cher Frédéric Lodéon qui, avant de devenir un virtuose du micro, fut un de nos meilleurs solistes, fort de son premier prix au Concours Rostropovich en 1977. Hasard des parutions, ce sont deux des plus belles - dans tous les sens du terme - représentantes de cette glorieuse lignée que notre palmarès des Diapason d'or distingue ce mois-ci. Pour Harmonia Mundi, Emmanuelle Bertrand fait parler son instrument, sou- lignant chez l'Anglais Britten, le Hongrois Kodaly ou l'Espagnol Cassado, les racines populaires du langage musical, les liens entre l'idiome vernaculaire et les par- titions les plus savantes. Ce violoncelle parle, oui, et nous parle, avec une éloquence physique, une force de conviction qui se situe au-delà des mots. Le projet d'Ophélie Gaillard est plus classique : les six Suites de Bach, qu'elle enregistre une seconde fois, pour le label Aparté. Diapason d'or, vraiment ? Alors que l'on tient déjà tant de gravures de cet il- lustre cahier ? Et si vite après que l'intégrale réalisée par Jean-Guihen Queyras a été plébiscitée (Diapason d'or de l'année 2008, HM) ? Oui, Diapason d'or pour Ophélie Gaillard aussi, et sans hésiter. Car cette nou- velle version porte une griffe singulière, preuve, s'il en était besoin, que le bréviaire des Suites autorise une multiplicité d'approches inépuisable. Chez Queyras, c'est un lyrisme franc et radieux que nous admirions - et continuons à admirer ! Une voix de ténor sombre qui vous charme et vous embarque vers des horizons chimériques, une vaste architec- ture du sentiment, un regard simple et mystique à la fois, jamais intimidant, souligné par mille couleurs et une prise de son généreuse, légèrement réverbérée - le halo d'une petite église allemande. Ophélie Gaillard, elle, a préféré le studio de l'Ircam, pour un résultat sans concession : très peu d'écho, les cordes à nu, le crin, le bois, des parfums de résine, les carnations à vif. Et les yeux dans le texte, arti- culé, détaillé, scruté dans ses moindres recoins, sans aucune aridité pourtant. Si le dessin est d'une préci- sion calligraphique, le geste souple, direct, emporte l'auditeur dans des mouvements qui ont la fluidité d'un torrent de montagne. Ce sont deux des plus belles représentantes de l'école française de violoncelle que nous récompensons ce mois-ci. Le cœur d'un côté, la raison de l'autre, ce serait trop facile. Disons plutôt la plénitude du chant, l'air du large pour Queyras, l'ardeur du discours, l'introspection pour Gaillard. En tout cas le même feu, la même in- telligence sensible, le même aboutissement pour deux démarches très différentes mais également légitimes, qui se répondent, et dont l'écoute ne peut être que source d'enrichissement. Une telle confrontation, à trois ans d'intervalle seule- ment, on n'osait l'espérer. Peu importe en réalité que ces violoncellistes soientfrançais, guatémaltèques ou monténégrins : ils sont ailleurs, en apesanteur à trois mille kilomètres autour de la terre. Bienvenue dans les espaces infinis, emmanuel.dupuy@mondadori.fr PS. : Cessez-le-feu ! N'écrivez plus au ministre de la Culture, ne vous écharpez plus entre pro et anti, ne vous tourmentez plus pour l'avenir du Ring : l'annula- tion des hommages nationaux à Richard Wagner en 2013, dont nous nous faisions l'écho le mois dernier, n'était qu'une baleine d'avril. Monsieur le ministre n'a rien déclaré à ce sujet... pour le moment. ABONNEMENTS BP 804 - 60732 Sainte-Geneviève Cedex Tél. : 03 44 62 43 55. E-mail : sceabtcf@team-partners.com Prix de l'abonnement France 1 an (11 numéros) : 49,90 € Dom-Tom et étranger : nous consulter. DIAPASON mai 2011 15 NOTRE CDLES INDISPENSABLES DE DIAPASON, N° 25 FRANZ Douze études d'exécution transcendante Lazar Berman LES INDISPENSABLES DE d i a p a s o n Le pianiste Lazar Berman investit les Etudes d'exécution transcendante avec une grandeur dramatique inouïe, élargissant encore les horizons de ces incroyables tableaux. Nous vous offrons cette épopée visionnaire, habitée par un poète prestidigitateur plus libre que jamais. Lettres d'un condamnéFRANZ LISZT Douze études d'exécution transcendante. Lazar Berman (piano). «Les Indispensables de Diapason», n° 25. 0 1963. TT: 1 h 03'. C omme Richter avant lui, Lazar Naumovich Berman (1930- 2005) fut longtemps l'un des secrets les mieux gardés de l'Union soviétique ; et, comme Richter, long- temps circonscrit dans la zone du Pacte de Varsovie, il faillit bien le res- ter. Pourtant, son palmarès aurait pu faire de lui un magnifique instrument de propagande, un autre Guilels, un autre Mravinski. Talent précoce : victoire à sept ans au Concours de musique du Bolchoï, premier dis- que dans la foulée (une Fantaisie de Mozart et une Mazurka de sa com- position), débuts à dix ans avec le Philharmonique de Moscou, études avec Goldenweiser et Sofronitzki, prix à Berlin-Est, Budapest... Assez vite se dévoile une nature d'ar- tiste explosive, un animal pianistique, une véritable bête de scène. Au tour- nant des années 1950, sa réputation est telle dans le milieu des pianistes moscovites qu'il se fait de l'argent de poche en battant des records de vitesse. A qui jouerait le plus vite le Finale de la Sonate rf 2 de Chopin... En cinquante secondes, il gagne toujours ! « Ma seule excuse à ces paris stupides était mon extrême jeunesse. » C'est à cette époque que Melodiya et Hungaroton lui font enregistrer ses premiers vrais dis- ques : Liszt déjà, et déjà une poignée d'Etudes d'exécution transcendante entre 1952 et 1956. Une revanche à prendre Lazar Berman commence à voya- ger. Comme tous les jeunes élevés à la dure, il aime séduire, rêve d'ap- plaudissements et d'Occident. Il est autorisé à sortir d'URSS pour tenter le Concours Reine-Elisabeth de Belgique, d'où il ramènera un prix, derrière Ashkenazy. En 1958, il passe même quelques mois à Londres chez la pianiste Eileen Joyce et se fait un nom. A son retour, quelques livres étrangers dans ses bagages sont prétextes à de premiers ennuis avec le KGB. A l'époque, chaque juif est vu comme un candidat potentiel à l'évasion. Il n'en faut pas plus pour que Goskoncert, l'agence artistique étatique, tentaculaire, des artistes du Peuple, le cantonne à des pe- tits engagements dans des villes secondaires du bloc de l'Est. Privé d'autorisations de sortie, limité dans ses déplacements, Berman croupit Commandez ce disque Oui, je souhaite recevoir le CD «Les Indispensables de Diapason » n° 25 : Franz Liszt Nom Prénom Adresse Code postal Ville N° d'abonné Signature (obligatoire) Je joins à ma demande un chèque de 5 € à l'ordre de Diapason (frais d'envoi offerts, réservé aux abonnés). Livraison : première quinzaine de juin. Coupon à découper ou à photocopier et à renvoyer à l'adresse suivante : Diapason, service abonnements, B804 60732 Sainte-Geneviève Cedex Offre valable jusqu'au 30 juin 2011 dans la limite des stocks disponibles et limitée au territoire métropolitain. Conformément à la loi •Informatique et Libertés - du 6 janvier 1978, vous disposez d'un droit d'accès et de rectification aux informations vous concernant. Les informations demandées sont Indispensables au traitement de votre commande. Elles pourront être utilisées ultérieurement pour d'autres offres ou cédées à des tiers. Si vous ne le souhaitez pas, merci de cocher la case ci-contre : • Mondadori Magazines France SAS au capital de 476 035 510 €, 8, are François Ory, 92543 Montrouge Cedex Vous pouvez aussi commander ce CD sur www.KiosqueMag.com et diapasoncd.com Egalement disponibles sur ces sites : «Les Indispensables de Diapason» no s 7 (Heifetz), 10 (Toscanini), 11 (Landowska), 13 (Valses de Vienne), 15 (Novaes), 16 (Jurinac), 17 (Gould), 18 (Casais), 19 (Fauré), 20 (Brahms), 21 (Saint-Saëns), 22 (Mahler), 23 (La Flûte enchantée), 24 (Berlioz). Contact : gisele.taldir@mondadori.fr pendant dix-sept ans dans un deux pièces de Moscou, entre son épouse, sa mère et son piano. Le réveil viendra tard, brutal. En 1975, ses enregistrements commençant à filtrer à l'Ouest, une invitation de Karajan tombe miraculeusement. Suit une tournée américaine très médiati- sée, en pleine polémique Soljénitsyne. Lazar Berman devient à quarante- cinq ans, du jour au lendemain, un nouveau Richter. Le public occidental adopte ce bon géant aux mains im- menses, dont la sonorité colossale vous plaque au mur, et se prend d'af- fection pour cet homme féru d'his- toire et de lettres latines, chaleureux et modeste, tout surpris qu'on lui fasse ainsi la fête : « Pourquoi vous intéressez-vous à moi ? Vous devriez plutôt faire sortir Bella Davidovich, elle joue bien mieux que moi ! » Alors qu'on semble redécouvrir le ro- « mantisme, et avec lui Arrau ou Bolet, LU | son jeu empreint d'héroïsme et de | subjectivité fait mouche. Les maisons 2 de disques se l'arrachent, lui laissant w prendre une revanche sur ses périodes f d'inactivité : beaucoup de Liszt, dont 5 des Années de pèlerinage célèbres, | qui ont un peu éclipsé ses puissants ^ Beethoven, Schumann, Scriabine, et § l'une des plus belles Sonate D 960 de ï Schubert au monde. Cet état de grâce dure à peine cinq ans. A nouveau victime de pressions et tracasseries administratives, privé de sortie, il doit régulièrement annuler des tournées entières, jusqu'à ce que la perestroïka finisse par ouvrir les frontières. Trop tard. C'est un homme fatigué qui émi- gré en Italie en 1990, pour ce qui aurait dû être un âge d'or et ne sera finale- ment qu'une retraite. Liberté et générosité Pendant les années de purgatoire, quelques rares appels de Melodiya furent pour ce lion en cage autant de bonheurs et d'espoirs. C'est de ces temps difficiles que datent ses deux versions des Etudes d'exécution trans- cendante. La première, de 1959, d'un son sec et monophonique, est encore marquée du démon de la vitesse. C'est la seconde, de 1963, stéréophonique, et indisponible depuis des lustres, que nous vous invitons à redécouvrir. En très peu d'années le jeu de Lazar Berman a pris une liberté, une géné- rosité incroyables, et aussi une dimen- sion dramatique nouvelle. Ici transpire quelque chose du Dernier jour d'un condamné de ce Hugo qu'on ren- contre parfois chez Liszt, notamment dans ces fabuleux portraits que sont les Etudes d'exécution transcendante. Etienne Moreau • Retrouvez les "concours et auditions" sur notre site internet : www.diapasonmag.fr a>i—
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2» Résultat, calculé par l'auteur du blog Formalhaut : il ne restera à Bastille que 6 % de billets à moins de 30 €, contre 21% au Met, 18% au Teatro Real de Madrid ou à La Monnaie de Bruxelles, 11 % à Covent Garden... Autant de maisons pourtant « moins subventionnées que l'Opéra de Paris », relève le blogueur. Sans entrer dans la querelle de chiffres, la direction en produit d'autres. « Sur cinq opéras à tarif intermédiaire (Arabella et les reprises de Tannhàuser, Rigoletto, Don Giovanni, Le Barbier de Séville), 42% des places afficheront un tarif inférieur ou égal à 95 €, soit mille cent quarante-cinq. Autrement dit toute la jauge de l'Opéra-Comique », détaille Christophe Tardieu. Mais pourquoi ne pas avoir évité ou limité le « surclasse- ment» de places accessibles à un public populaire en augmentant le tarif de la caté- gorie la plus élevée, protégée par une sorte de bouclier fixé à 180€, loin derrière les plus onéreux fauteuils de Londres ou New York ? « Nous avons sans doute atteint un pa- lier qu'il va être compliqué de dépasser, parce qu'alors nous risquons d'assécher nos recettes », fait valoir le direc- teur adjoint. Or la maison, sauf à se mettre dans le rouge, doit engranger chaque année entre 50 et 55 millions d'euros de billet- terie. Quand son objectif d'élargissement du public se joue aussi hors les murs. « On a rempli trois cinémas UGC du 93 pour Jules César... Je ne suis pas en train de dire qu'on peut augmenter le prix des places tant qu'on veut à Bastille ou à Garnier : puisqu'on enregistre 94% de fréquentation, il est évident que la démocrati- sation ne passe pas uniquement par nos salles. » Mais peut-être, demain, outre le grand écran, par Internet. Gratuitement, cette fois. Liszt des transports Salzbourg a son aéroport Mozart, Budapest aura le sien au nom de Ferenc Liszt : ainsi en a décidé le Parlement hongrois pour marquer le bicentenaire de la naissance du compositeur. En France, un « train Liszt » pourrait voir le jour sur une future ligne Paris-Budapest en 2013. Comique turc La Komische Oper va sous-titrer en turc ses opéras à partir de septembre. Le directeur de la troisième institution lyrique berlinoise, Andréas Homoki, parle de « geste symbolique » et de « signal » d'ouverture envers l'importante communauté turque d'Allemagne. Une nouveauté due au petit u moniteur installé depuis | 2009 sur le dossier | de chaque siège. Lequel ^ permet déjà de suivre | les ouvrages en anglais, | et bientôt en français 2 - la première langue parmi „, les visiteurs étrangers de ¡5 l'Opéra-Comique berlinois. X D- Chères places de l'OpéraLa politique tarifaire de la Grande Boutique pour la saison 2011-2012 fait grincer COULISSES TROIS QUESTIONS A. Jean-Yves Clément Commissaire de l'Année Liszt 2011 en France * nEn quoi consistent les célébrations dont vous avez la charge ? Jean-Yves Clément : D'abord, recenser et la- belliser les productions concernant Liszt : livres, disques, concerts... Et j'ai voulu susciter des évé- nements grâce à notre budget, renforcé par un partenariat avec la Caisse d'épargne. Nous avons ainsi mis en place des actions, comme celle du 9 mai, journée de l'Europe : au Parlement de Strasbourg, le pianiste Giovanni Bellucci jouera \'Ode à la joie de Beethoven transcrit par Liszt. Ailleurs, à Paris et en province, aura lieu une fête populaire, « Play Liszt », au sein des conserva- toires mais surtout dans les cafés. Nous voulons « décloisonner », faire vivre la musique dite classi- que par le biais de l'instrument roi, dans des lieux qui ne s'y prêtent pas. Liszt souffre d'un déficit d'image. On ne sait pas toujours à quel point il fut un humaniste incroyablement engagé, une sorte de monstre de la Renaissance mais un romanti- que, l'abbé Pierre de la musique. C'est un exemple l moral. Heureusement, notre Année sera très riche, s A Paris, un grand spectacle musical, littéraire et î pyrotechnique aura lieu le 30 juin au parc André- ; Citroën, avec le pianiste François-René Duchable 3 et le comédien Claude Brasseur. Et je vais faire? J = jouer Christus, oratorio qu'on n'entendjamais alors \ que c'est une merveille, le jour du bicentenaire j (22 octobre), à Saint-Louis des Invalides, par le , Chœur et l'Orchestre de la Radio de Budapest. 3 Mais la programmation parisienne reste frileuse : - voyez la salle Pleyel et la Cité de musique... 0Si l'on compare à Chopin, célébré en 2010, beaucoup d'organisateurs pourraient faire plus pour Liszt ? J.-Y.C. : On aurait espéré davantage : où ses poèmes symphoniques seront-ils donnés cette année à Paris ? Les gens ont peut-être été pris de court par ce bicentenaire. Eric Garandeau, ancien conseiller culturel de l'Elysée, qui a la grâce d'être pianiste, a voulu cette Année Liszt. Le ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand, se montre convaincu de son importance, de même que l'Institut Français, notre opérateur. Tous ont ressenti le rayonnement européen de Liszt, ce que l'on peut partager avec la Hongrie, qui préside l'Union. C'est un personnage de ro- man qui mériterait quatre épisodes sur TF1 à une heure de grande écoute ! Il annonce Mahler, Schônberg, Richard Strauss, Debussy, Ravel... Vive Chopin et sa pureté de cristal, sa musique en serre chaude, élevée de façon très rare - Dieu sait que je le vénère ! Mais le monde de Liszt, lui, est en expansion infinie, nous naviguons tou- jours dans son sillage. Or beaucoup n'en ont pas perçu la grandeur et la nécessité. Comment se fait-il que ce titan reste à ce point ignoré ? C'est un mystère. 0Au-delà de l'Année Liszt, réfléchissez-vous à des initiatives pérennes (musée, site Internet...) pour mieux faire connaître ce personnage hors du commun ? J.-Y.C. : J'ai déjà créé une manifestation qui n'exis- tait ni en France ni ailleurs : les Lisztomanias. Elles fêtent leur dixième édition en 2011, cela tombe bien. Liszt voulait organiser un festival avec George Sand à Châteauroux ; j'ai relevé le gant. C'est un événement entièrement dédié au musicien hongrois. Je ne comprends d'ailleurs pas qu'on me réponde quelquefois : « Il faut pro- grammer un autre compositeur à côté de Liszt, sinon les gens ne viennent pas... » Arrêtons ! Personne ne se pose la question pour Schubert ou Brahms. A terme, j'aimerais voir essaimer - philosophie très lisztienne - ces Lisztomanias, qu'il en soit organisé à Vienne et dans d'autres villes européennes. S'il y a un événement qui pourrait s'inscrire dans le temps, c'est bien la date du 9 mai : ce pourrait être un « jour Franz Liszt » et une autre fête de la musique, classique celle-là - ce qu'au fond nous n'avons pas -, dans toute l'Europe. *Auteur de Franz Liszt ou la dispersion magnifique (Actes Sud), cf. p. 16. A CRESCENDO A Tout juste arrivé, déjà prolongé. \ Le chef américano-estonien Paavo Jarvi, directeur musical de l'Orchestre de Paris depuis le 1e r septembre dernier, a prolongé jusqu'à la saison 2015-2016 son contrat, conclu initialement jusqu'à 2012-2013. Il dirigera une moyenne de vingt-huit concerts par an en France et à l'étranger. y DECRESCENDO "y Déception pour les amateurs de y création lyrique contemporaine : l'Opéra-Comique a dû déprogrammer Re Orso, une favola per musica sur un livret de Boïto composée par l'Italien Marco Stroppa (né en 1959), lequel a demandé un délai supplémentaire pour peaufiner son œuvre. Un nouveau rendez- vous est pris pour mai 2012. Elle a dit Natalie Dessay, répondant à l'AFP lors de la reprise de sa Lucia au Metropolitan Opéra de New York, s'est dite «psychologiquement dévastée et consternée par ce qui se passe dans le monde, où tout est régi par la cupidité des hommes». « Du coup, j'ai une nouvelle passion, l'équitation. Les hommes m'ont déçue, plus ça va et plus j'aime les chevaux», a-t-elle ajouté. • Le gambiste Richard Campbell, membre fondateur de l'ensemble de violes Fretwork, est décédé le 8 mars à l'âge de cinquante-cinq ans. • David Pountney prendra en septembre prochain la direction de l'Opéra national du pays de Galles et quittera celle du Festival de Bregenz (Autriche), célèbre pour sa scène lacustre, au terme de l'édition 2013. • Robert Spano va succéder à David Zlnman au poste de directeur musical du Festival de musique d'Aspen (Colorado), l'une des académies les plus prestigieuses des Etats-Unis. ^ ^ ^ ^ ^ • Le metteur k ^ ^ H P en scène , Ë | K Kasper Holten mt ^. (notre photo), en provenance de Copenhague, va remplacer Elalne Padmore à partir de 2011-2012 comme Director of Opéra à Covent Garden. • Solution interne au Festival de Saint-Denis : Nathalie Rappaport, jusque-là adjointe, succède dès l'édition 2011 à Jean-Pierre Le Pavec, devenu directeur de la musique de Radio France. • Le président de l'Orchestre lyrique de région Avignon- Provence, Jacques Crespy, en conflit ouvert avec la maire de la ville Marie-Josée Roig (cf. n° 590), devait présenter sa démission lors d'un conseil d'administration le 21 avril. • La carrière va crescendo pour le jeune chef français Fabien Gabel, réinvité à diriger le Philharmonique de Radio France et l'Orchestre de la Résidence de La Haye. Il fera ses débuts avec la Staatskapelle de Dresde en novembre. • Thierry Machuel a reçu le grand prix lycéen des compositeurs 2011, organisé par nos confrères de La Lettre du musicien. • Placido Domingo (notre photo) a été fait membre d'honneur du Real Madrid - le club de football, pas le théâtre lyrique. • Le grand prix des muses 2011 a été attribué à The Rest is Noise - La modernité en musique d'Alex Ross (Actes Sud) et la bourse des muses à Martin Kaltenecker pour un projet d'ouvrage intitulé Politique de la mélodie au XXe siècle. • Après Placido Domingo en 2009, Riccardo Muti est le deuxième lauréat du prix Birgit Nilsson, doté d'un million de dollars. • Jean-Jacques Aillagon, président du domaine national de Versailles, devait remettre le 14 avril au château les insignes de chevalier dans l'ordre de la Légion d'honneur à Sir John Eliot Gardiner, déjà commandeur de l'Empire britannique. • La maison parisienne Rossini organise le 17 mai à 14 h une vente aux enchères dédiée à Samson François (1924-1970), après la mort fin février de son ex-compagne Josette : de nombreux objets et œuvres ayant appartenu au pianiste seront dispersés, dont un paravent du Japon de 1700, une chaise longue de Le Corbusier et des dessins de Gen Paul. • Le chef de chœur et d'orchestre allemand Helmuth Rilling (notre photo) s'est vu octroyer le Karajan- Musikpreis. Les Champs-Elysées et Favart en chantiers En 2011-2012, l'Opéra-Comique et le Théâtre des Champs-Elysées auront plus d'un point commun. Une contrainte forte (des travaux), un compositeur encore largement à découvrir à Paris (le Vénitien du xviie siècle Francesco Cavalli), des chefs d'obédience baroque (William Christie et Jérémie Rhorer), un parfum de Comédie-Française. Commençons par les chantiers : celui de Favart, qui porte entre autres sur la rénovation du grand foyer, contraindra le théâtre à ramasser sa saison sur le premier semestre 2012, avec six titres (cinq nouvelles productions et une reprise). Avenue Montaigne, le dispositif scénique (plateau et dessous) y sera revu, avec une réouverture prévue le 10 : novembre. Et une affiche d'opéras mis en scène j réduite à quatre productions dont la Didone de Cavalli, l réglée par Clément Hervieu-Léger, jeune pensionnaire ; du Français, plusieurs fois assistant de Chéreau. ; Au TCE, la Maison de Molière sera aussi ; représentée par Denis Podalydès, qui met en scène 5 Don Pasquale de Donizetti (Corbelli, Regazzo, Rancatore, le National j et Mazzola) et par son homologue Eric Génovèse (Cosi fan tutte). 3 Quant à Marcel Bozonnet, ancien administrateur général de \ la Comédie-Française, il réveillera, à l'Opéra royal de Versailles puis 3 au Comique, la tragédie lyrique Amadis de Gaule de Jean-Chrétien ; Bach, sous la direction de Jèrémt» Rhorer (notre photo), également : à la baguette dans le Cosi des Champs-Elysées. William Christie se partagera entre l'excellent Didon réglé par Deborah Warner à Favart et l'alléchante Didone de Cavalli au TCE. Le compositeur s'illustre place Boieldieu avec Egisto, nouvelle réalisation du tandem Dumestre-Lazar. Favart s'approprie un ouvrage fondateur du grand opéra, La Muette de Portici d'Auber (Patrick Davin / Emma Dante), avant de reprendre un titre phare de son propre répertoire (Les Pêcheurs de perles de Bizet par Léo Hussain et Yoshi Oïda) et de l'élargir (création du Re Orso de Marco Stroppa par Susanna Malkki et Richard Brunei). Quant au TCE, il offrira sa fosse à un autre Mozart (Flûte enchantée de Jean-Christophe Spinosi et Laurent Pelly) et son décor de concert à quelques titres du xixe siècle italien, désormais l'une de ses spécialités (le rarissime Oberto de Verdi, Les Capulet et les Montaigu de Bellini avec Mmes Antonacci et Peretyatko, la Tosca de Svetla Vassileva), de même qu'à un triptyque wagnérien (Parsifal de Gatti, Tristan d'Andris Nelsons avec Torsten Kerl, Walkyrie de l'Opéra de Munich avec Nina Stemme en Brùnnhilde). Enfin, l'Opéra-Comique envisage déjà, à l'horizon 2012-2013, la création d'une académie adaptée aux spécificités de son répertoire, un peu oubliées par nos conservatoires : ses jeunes chanteurs participeront, comme artistes ou stagiaires, à deux productions - manière économe et futée de ressusciter un embryon de troupe.
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