CAUSEUR MAGAZINE n°38 - Page 7 - RElRllllVEl-NllllS llllSSl SllR lIA|lSEl|R.FR Chaque jour des points de vue originaux et impertinents sur l'actualité. (ÏAUSEE Ivmom n m» nu. nu «me Sllli IIRIIINATEIIR, ÏllBlEÏÏE El Ml]B|lE E1 Q H Retrouvez chaque jour Profitez du confort de Partagez les articles avec de nouveaux articles lecture: modifiez la police, vos proches : via e-mail, accessibles gratuitement. zoomez... Facebook,Twitter. ET PlIllR [ES llllllNNÉS NIJMÉRIUIIES Causeur L'édition papier Accès en illimité en avant première aux archives Pas de publicité Les articles Votre magazine Tous les anciens en accès libre disponible en ligne magazines + les articles réservés la veille de sa sortie et articles en ligne. aux abonnés. en kiosque. Un plaisir de lecture sans publicité. l Causeunfr reçoit le label d'excellence Harris Interactive pour la qualité d'expérience utilisateur reconnue par leurs visiteurs. g Harris interactive — NetObserver vague Automne 2015 - Base 1117 répondants visiteurs de Causeunfr 16036 répondants visiteurs sites d'actualités et d'informations généralistes ; 33955 répondants internautes A > l rtnlïumm IPÉLISABETH lÉVY lES AVENTURES Illî BAVARI] Taisez—vous, mon président travaille. Et c’est pas de tout repos, comme boulot. Je n’ai pas tout compris, mais il paraît que c’est pour l’Histoire, il peaufine la trace qu’il y laissera. On Fapprend ces joursci, à peine installé à l’Élysée François Hollande a dépensé une énergie considérable pour sculpter sa statue, comme s’il espérait faire disparaître par la magie du verbe le Hollande réel, celui que 15 % des Français disent vouloir reconduire à l’Èlysée. Sauf qu’à l’arrivée, la statue — formée par cinq ou six livres de potins qui paraissent en librairie — est aussi normale et impopulaire que l’original. Cherchez l’erreur. Quand le président travaille pour l’Histoire, ça se voit tout de suite : il piapiate avec des journalistes, qu’il nourrit de vacheries et autres bons mots sur les uns ou les autres, plutôt que de considérations de haute tenue sur la marche du monde. Le genre de trucs qu’on se raconte entre copines en se faisant les ongles : Machine, c’est à cause de son mec qu’elle m’a pourri la vie (en l’occurrence, il s’agit de Cécile Duflot, dont le président impute les incartades à lïnfluence de son compagnon). Même style très nature sur sa promesse d’inverser la courbe du chômage : « je nhipas eu de bol. Mais çu uuraitpu marcher. » En tirant au sort parmi toutes les politiques possibles aussi, ça aurait pu marcher. L’Histoire retiendra que « monsieur petites blagues » est devenu le «présidentpas de bol». Ie ne voudrais pas faire ma populiste, moi la France, mais je l’ai un peu mauvaise. Je croyais que mon président s’épuisait à la tâche pour moi, je me sentais coupable en pensant que si ça se trouve, avec tous ces terroristes, il n’avait même pas le temps de manger. Et je découvre qu’il passe des heures à bavarder avec des confrères. Pas un ou deux, cinq ou six. Et il ne les a pas reçus une fois, mais des dizaines. Off à gogo, scoop pour tous ou presque. C’est peut-être parce qu’il a beaucoup d’ennemis à gauche que le président ne veut pas en avoir dans la presse — il paraît qu’il ne dit jamais rien à un journaliste, j’aurais dû tenter ma chance. Bien sûr, à ce rythme, le cours de la confidence exclusive est au plus bas et les livres publiés «pour l Histoire » prennent la poussière chez les libraires. N’empêche, s’il aime tant jouer les commentateurs, Hollande aurait dû faire journaliste, plutôt que président. Le plus énervant, c’est qu’il parle beaucoup plus de lui que de moi (moi la France, faut suivre !). Pourtant, il avait fait don de sa personne à ma pomme qu’il disait. Et puis, c’est une drôle de façon d’entrer dans l’Histoire que de nous inviter dans sa cuisine intime. Comme si, ayant renoncé à inspirer le respect par sa fonction, il ne se souciait plus que d’attirer la sympathie sur sa personne. Et même pour ça, c’est raté. Calculateur, sans vision, obsédé par ses rivaux : cet exercice de transparence Volontaire ne le montre pas vraiment à son avantage. Car non seulement le roi est nu, mais c’est lui qui s’époumone à nous le faire savoir. Vous, je ne sais pas, mais moi je trouve ce barnum éditorial un peu humiliant. Après tout, c’est lui qui cause au monde en mon nom. En société, un peu de discrétion ne nuit pas, comme dirait Chevènement. Cependant, je pensais qu’au moins, maintenant, il nous épargnerait ses leçons de morale. Que nenni l Il a raconté à ses honorables correspondants du Monde comment il comptait gagner les élections : en se présentant comme le garant de la démocratie, contre le terrorisme djihadiste, d’une part, contre les tentations autoritaires de qui vous savez de l’autre. Et là, sauf le respect que je dois à mon président et chef des armées, c’est du foutage de gueule. Il danse sur la table en petite tenue, et après il me joue l’air de « moi ou la dictature » ! Sans compter qu’il prend un risque, et moi aussi par la même occasion. Confrontés à cette affligeante alternative, on ne sait pas ce que choisiraient les Français. - CAUSEUR Directeur de la publication Gil Mihaely Directrice de la rédaction Elisabeth Lévy Rédaction en chef Daoud Boughezala, Marc Cohen, Jérôme Leroy (pages culture). Rédaction Hervé Algalarrondo, Gérald Andrieu, Cyril Bennasar, Laurent Cantamessi, Paulina Dalmayer, David Desgouilles, Alain Finkielkraut, Jean-Luc Gréau, Basile de Koch, Jean-Paul Lilienfeld, Olivier Ranson, Roland Jaccard, Luc Rosenzweig, Frédéric Flouvillois. Correction Sophie Lilienfeld Secrétaire de rédaction Cécile Michel Ont participé à ce numéro Charlotte Amadis, Mohammed Hocine Benkheira, Régis de Castelnau, JeanPierre Digard, Jérôme Ducros, Fabrice Hadjadj, Thomas Morales, Bertrand Pasquet, Jocelyne Porcher, Olivier Prevôt. Direction artistique Aymeric Dutheil iconographie Alexandre Denef Direction marketing et commerciale Marina Leroux Charles Lévy Adrien Paviot O1 84 79 01 34 Distribution Presstalis Gestion de la diffusion en points de vente BO Conseil Analyse Média Etude Otto Borscha oborscha@boconsei|ame.fr 09 67 32 09 34 (contact points de vente) Abonnements et anciens numéros: www.causeur.fr/boutique 01 84 79 01 35 (Du lundi au vendredi 10h — 17h) ou c|ients@causeur.fr Impression Berger Levrault Graphique I 2780, route de Villey Saint-Etienne 54200 Toul Image de couverture © Ahiida Pty Ltd /Aheda Zanetti Causeur est édite par Causeur.fr SAS au capital de 101 900 euros — RCS Paris Siret 504 830 969 000 29 Naf 5814 Z. Dépôt légal à parution -lSSN1966—6055. Commission paritaire :0320 D 90295. 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MANUEUNS IIE lll ll|llN|]E 5|] La ferme des animalistes Elisabeth Lévy 52 Misère de l'antispécisme Fabrice Hadjadj 57 L'anima|isme est un antihumanisme Jean—Pierre Digard Francis Wolff « Au-delà de l'humanité, la passion égalitaire est pathologique » Propos recueillis par Elisabeth Lévy et Gil Mihaely B5 J'aime la compagnie des cochons... et la côte de porc gascon Jocelyne Porcher Je suis végan, ne vous déplaise ! Paulina Dalmayer 72 Nourrir dans la dignité Daoud Boughezala 75 Le halal n'est pas barbare ! Mohammed Hocine Benkheira CUlTURE fi HUMEURS 7B Rentrée des classiques Jérôme Leroy Maurice Risch César du nanar Propos recueillis par Daoud Boughezala 84 Karol Beffa Musicien mécontemporain Jérôme Ducros Alberto Garlini L'Italie en noir et rouge Propos recueillis par Daoud Boughezala et Élisabeth Lévy Autos-fictions Thomas Morales 94 Tant qu'il y aura des films Olivier Prévôt BB Les carnets de Roland Jaccard Le journal de l'ouvreuse Black M : on est chez lui l Par Ilauud Bnughezala Vous avez aimé le concert avorté de Black M à Verdun ? Vous adorerez son dernier tube « je suis chez moi », censé répondre à la controverse du printemps ! Adieu, les imprécations contre « ce pays de kouflars » qu’il « bais[ait] » jusqu’au trognon, l’ancien membre du groupe Sexion d’Assaut afiiche aujourd’hui un discours mi-patriotard, mi-Victimaire (« La France est belle/Mais elle me regarde de haut comme la tour Eiflel »), à mille lieues de ses fatwas passées. Aussi la presse culturiste s’est-elle contentée de louanger ses paroles aux rimes riches (« ]e suis français/Ils veulent pas que Marianne soit ma fiancée/Peut-être parce qu’ils me trouvent trop fonce’) et son anti-lepénisme militant, si rare dans le show—biz... Mais aucun journaliste n’a relevé un détail du clip qui en dit long sur la conception blaquémienne du vivreensemble. Assez de suspense, je Vends la mèche : Black M et son collègue Youssoupha y arborent un tee-shirt frappé du logo « justice pour Adama. Sans justice vous n’aurez jamais la paix. » Une référence à Adama Traoré, mort le 19 juillet à Beaumont—sur-Oise après son arrestation par la police. Adama, 24 ans, aurait succombé à un « phénomène infectieux sur plusieurs organes » sans que les experts médicaux aient relevé la moindre « trace de violences » ; telles sont les conclusions des deux autopsies ordonnées par le parquet. À tort ou à raison, la famille Traore’ crie toujours à la bavure policière, suivie par tout ce que le champ associatif et culturel compte d’apprentis médecins légistes. Justice pou; Wu: iustir '00: n «me: ne I-um On ne s’étonnera donc pas que le recalé de Verdun verse sa petite larme sur ce qu’il estime être un meurtre raciste. Après tout, réclamer justice nla rien d’il1égitime. C’est plutôt la sommation finale « Sans justice vous n’au— rez jamais la paix » qui pose doubl‘ ment la question. Non pas tant sur l’usage privatif du mot « paix » (qui signifie en creux que nous aurons la guerre) que sur la signification de ce « vous ». On l’a co pris, ce vous, c’est nous. Mais quel nous ? Nous, les F lançais ? Nous, les patriotes ? Nous, les kouffars ? On attrait aimé que sur cette question délicate, le rappeur s it, comme on dit, explicit lyrics. o l VANARIIHISTE |l|J MIIIS lln voit des Huns artnut! Par Basile de Koch Au terme de cette édition 2016 des IO, on retiendra notamment qu’à Fabréviation « MAG » pour « Magyarorszäg >> selon la terminologie locale, la délégation hongroise a préféré l’appellation anglo-saxonne « Hungary », sans doute pour étre plus facilement identifiée. Le problème, c’est que sur le maillot ça fait « HUN » ; une abréviation parlante, même en anglais, pour les athlètes du seul pays du monde où l’on appelle encore volontiers son aîné Attila. Passe encore quand il s’agit d’une jolie naïade ou d’un inoffensif kayakiste. Mais le même maillot sur un lanceur de poids à la mine patibulaire, ça ne donne guère envie de visiter le pays. Vous me direz, c’est d’autant plus injuste que le mot « Hongrie » ne vient pas de « Hun » mais du peuple onoghour, par ailleurs tout à fait respectable... À ce qu’il paraît, « Hungaria » existait méme en latin bien avant le déferlement des hordes hunniques sur le monde civilisé (451). Mais qu’y puis—je, moi, si le monde est injuste ? o littérature au mètre Par Françnis-Xavier Ajavnn Depuis la nuit des temps, certains auteurs ont du poids. Il a fallu attendre une période plus récente pour que les livres se vendent au mètre. Georges Brassens, dans sa superbe chanson « Histoire de faussaire » (parue dans son ultime album de 1976), évoque déjà, sans le moindre mépris, le charme étrange de ces intérieurs peuplés de faux buffets Henri II, de feu de cheminée sans fumée et de « Faux bouquins achetés au poids/Alignés sur les rayons de/La bibliothèque en faux bois ». Il avait vu juste, comme toujours. Nous apprenons en effet que la prestigieuse librairie new-yorkaise Strand vient de lancer un service appelé « Books by the foot » (livres au mètre), pour les bibliophiles en carton qui souhaitent se faire livrer non pas des livres, mais des bibliothèques « clé en main », ou mieux : des rayonnages de livres. .. Nos confrères des Échos rapportent que l’idée est Venue aux dirigeants de cette institution de Manhattan en voyant depuis plusieurs années des décorateurs d’inté— rieur branchés venir en masse acheter des livres, n’importe quels livres, pour remplir jusqu’à la gueule les étagères design qu’ils avaient refourguées à leurs riches clients... « Books by the foot » semble donc avoir pour voca— tion de combler des vides, de grands vides culturels, dans des duplex d’hommes d’afl°aires snobs et pressés, pour qui la culture et plus précisément les livres sont des signes extérieurs d’épaisseur... Les commandes, apprend-on, peuvent avoisiner les 5 000 ouvrages, soit environ 100 mètres de romans, de traités philosophiques, de guides de voyages, de livres de cuisine, de recueils de poèmes, de dictionnaires, d’atlas et bien entendu de précis du ridicule contemporain. Et il n’est évidemment pas prévu que les auteurs bénéficient d’un droit de veto, épargnant cette infamie redoutable à leur oeuvre... On pourrait se consoler en pensant que pour décorer un penthouse, 5 O00 livres numérisés dans une liseuse Amazon, ça ne le fait pas. Mais non, on ne se consolera pas. o Par Marc Cohen À défaut d’avoir fait la une des IT de 20 heures, cette photo, abondamment diffusée par les médias d’Ètat iraniens, a fait beaucoup de potin sur les réseaux sociaux. Prise à Téhéran le 28 août, elle montre une Ségolène Royal dûment voilée aux côtés de la vice—présidente Massoumeh Ebtekar. Notre ministre de l’Environnement était allée en Iran, pour signer des partenariats. Alors bien sûr, il s’est trouvé des mauvais coucheurs sur Facebook et Twitter pour expliquer qu’en acceptant d’arborer publiquement le voile au pays des mollahs, notre ministre a rendu un bien mauvais service à toutes les femmes iraniennes qui se battent pour le droit de ne plus le porter. D’autres internautes, plus compréhensifs, font valoir qu’à Rome, on fait comme les Romains. Comme la loi iranienne stipule que toutes les femmes, y compris étrangères et y compris en visite officielle, doivent a minima porter le fichu, il faut s’y conformer. Cette défense appelle à mon avis deux remarques : Primo, il est étrange que les internautes qui ont défendu ce voilage ministériel aient aussi, le plus souvent, défendu mordicus le burkini sur nos plages : à Cannes, on ne fait pas comme les Cannois ? Secundo, si cet accoutrement était de rigueur, Ségolène Royal était-elle vraiment obligée de se rendre en Iran ? Y avait-il une telle urgence à aller, comme nous le dit le communiqué de son ministère, signer un texte commun sur « la mise en place dechange de chercheurs entre le Museum national d’Hz'stoire naturelle et le Museum national d’Iran », la « distribution performante de l’eau dans les grandes villes iraniennes », ou encore « la préservation des mangroves » ? Une situation d’autant plus baroque que les Iraniens sont de sacrés farceurs. Pendant la visite officielle de Ségolène, les autorités ont annoncé avoir pendu une femme le 25 août dans la ville de Yazd. D’après les organisations humanitaires, c’est la 71€ femme exécutée sous la présidence de Rohani. Au moins un domaine où on ne pourra pas accuser l’Iran de pratiquer la discrimination sexuelle. - Marpc: _ attçntat islamiste a la nudeur ! Par llanud Buughezala Au Maroc, l’été a été très chaud. Ce n’est pas tant l’interdiction du burkini qui y a embrasé les débats que les histoires de « boogie-woogie » entre hiérarques islamistes surpris « dans une posture sexuelle » avant de faire leurs prières du soir. Le 20 août, près de la plage d’El Mansouria, au nord de Casablanca, deux des vice—présidents du très dévot MUR (Mouvement pour l’unité et la réforme) se sont ainsi fait poisser par la police comme de vulgaires collégiens. D’après la presse locale, Moulay Omar Benham— mad et Fatima Nejjar, respectivement homme marié père de sept enfants et respectable veuve mère de six marmots, ont eu la malchance de croiser la maréchaussée venue enquêter sur un trafic de drogue. Coïncidence ou coup monté ? Il y a quelque temps, un ami marocain me confiait sous le manteau que la police politique chérifienne disposait d’images compromettantes contre de nombreuses personnalités islamistes. I Ê ‘ a I . Ë a I l \ Des casseroles destinées à « tenir » les barbus tentés de contester la légitimité religieuse du roi, officiellement descendant de Mahomet et Commandeur des croyants. Sans plaider le complot, Moulay Omar Benhammad a peaufiné un système de défense pas piqué des vers. D’après cet éminent professeur de charia, le « mariage coutumier » qu’il aurait contracté avec sa maîtresse l’exonère de tout crime. Car si le droit marocain considère l’adultère comme une infraction pénale, il permet également de conclure un mariage coutumier avec le simple accord oral des deux intéressés, sans témoin ni acte officiel. Une combine bien pratique pour batifoler en cachette! Arrêtés en flagrant délit dbutrage à la pudeur, les amants sexagénaires ont essayé de soudoyer la police, gagnant en prime une seconde charge : tentative de corruption caractérisée. Mais Faffaire n’attendra pas le procès pour éclabousser ses protagonistes, connus pour leurs talents de télévangélistes salafs. D’ores et déjà, les dirigeants du MUR ont suspendu et désavoué leurs anciens camarades, devenus la risée des internautes marocains. Et c’est Fatima Nejjar, naguère surnommée la « marraine des jeunes », qui paie le plus lourd tribut en souvenir de ses sermons moralisateurs. Avant son troussage balnéaire, Nejjar accusait de «fornication » toute femme fixant un homme avec insistance. L’histoire ne nous dit pas dans quelle posture se trouvaient les tourtereaux ni s’ils se regardaient dans les yeux lorsque la police les a interrompus. Mais leur mésaventure fragilise à coup sûr leur position de missionnaires... o AEANEE |NTEllE|IT|lEllE Mun actu_de l'été : rien, à part les Jl],_|e_ feuilleton de_|a presnjentielle amencame — et mm, bien sur. sans quj cejngrnal n'aurait guère de raison tletre. anmsu RAEHETÈ i u BAISSE Mardi 12 juillet Pasticheur du Roy depuis 1793, j’apprécie en connoisseur l’exercice d’auto—par0die glacée et sophistiquée auquel se livre Le Monde dans son édito d’aujourd’hui. Sous un titre accrocheur, « Jose’ Manuel Barroso, l ana-européen », le quotidien de révérence explique à ses lecteurs ce qu’il faut penser du rachat du commissaire européen par Goldman Sachs. L’air de rien, Le Monde creuse ainsi l’écart avec ses concurrents dans une discipline très disputée : l’intelligence au service de la connerie. Donc, l’ancien président de la Commission de Bruxelles, grand manitou de l’Europe de 2004 à 2014, a été racheté par une banque d’affaires dont la réputation n’est plus à faire. Et qu’est—ce qui choque Le Monde là-dedans ? Non pas ce «transfert» ni la porosité qu’il suggère entre Union européenne et finance mondiale. Non, le pire c’est « le coup bas, indigne » que le traître porte ainsi « sciemment » à l’idéal europeen. Comment ça, j’invente ? Ce qui est vraiment « révoltant », s’échauffe le journal, c’est qu’avec cette prébende Barroso « ait accepté de contribuer au discours des mouvements protestataires anti— européens d’ultra—droite qui menacent le caractère lb aAj”|>\I|uhemmad. démocratique du continent ». Les faits en soi, on l’a vu, c’est pas si grave ; l’ennui, c’est quand ça risque de donner des arguments aux Méchants. Par bonheur, apprend-on en bonus, il reste une solution pour éviter ce cataclysme annoncé : « La Commission doit changer ses règles », tout simplement, pour que ses anciens membres n’aillent plus « pantoufler » n’importe où. Comme ça, tout ça se verra moins, et on pourra continuer comme devant. « Il en va de l'image de l’UE », conclut solennellement Le Monde. L’image, voilà bien l’essentiel l Qui a parlé de changer le reste ? HNSPECTEIJR HARRY EIINTRE [ES MMWIETTES Jeudi 4 août Le petit bonhomme de Télérama fait la grimace : Clint Eastwood a encore déconné, et ce coup—ci il n’a même pas l’excuse de l’art. Dans une interview à Esquire, le vieux réac minimise cette fois les propos antimigrants de Trump, fustigeant au passage « la génération mauviette » du « politiquement correct » — non sans confirmer son intention de voter Donald ! C’en est trop pour Télérama dont le verdict tombe aussitôt, en forme de citation vaguement éculée : « Pour l ’acteur de 86 ans, la vieillesse est définitivement un naufrage. » De son côté, selon Variety, Meryl Streep, fervent soutien d’Hi11ary, s’est déclarée « choquée » par les propos de son vieil ami : « faurais pensé qu’il était plus sensible que ça. » Si ça se trouve là aussi, c’est Page ! Meryl se voit encore sur la route de Madison, et Clint aime toujours autant jouer à << Go ahead, make my day l » [ES JEllX |]|J FlllllllRll Lundi 8 août Sur son compte Twitter, Hillary Clinton se fend d’un compliment à la sabreuse olympique Ibtihaj Muhammad. Non pas pour sa prestation à vrai dire (elle a été éliminée dès son second match), mais au titre de «première Américaine musulmane à concourir avec un hijab ». Du coup, lïntéressée a pu profiter des caméras pour poser sous toutes les coutures avec son foulard noir, et des micros pour faire passer son « message de tolérance »... << Sans avoir peur, admire Le Monde, de déplaire à ceuxquiprétendentquelbn nedoit pas mélanger le sport et la politique. » Mais de quoi avoir peur, en Vérité, quand le port du voile est autorisé par le CIO et encouragé par Mme Clinton en personne — suivant en cela l’exemple du président Obama himself ? Non, décidément, une sabreuse voilée, ça ne le fait pas. Ce que je demande à voir, moi, c’est de la vraie provoc’, du spectaculaire : à quand la première nageuse en burkini ? [illllRTEl|NE CHEZ lES ÏERRIIRISÏES Samedi 13 août Comment expulser un individu suspecté de menées terroristes, quand il fait déjà l’objet d’une interdiction de quitter le territoire ? C’est le cas d’école auquel ont été confrontées la justice et la police françaises ; pendant ce temps, l’intéressé, l’islamiste belgo— tunisien Farouk Ben Abbes, a dû bien rigoler. En raison de sa dangerosité, cet habitant de Toulouse avait été assigné à résidence, sur ordre du ministère Nu Clint Eastwood, DirtyÎHarry. de l’Intérieur, dans un hôtel de Brienne—le—Château (Aube). Mais c’était compter sans le maire du lieu, qui a réclamé et obtenu de la justice l’expulsion de l’administré indésirable. C’est là que ça se complique, selon La Dépêche z le 22 juillet à l’aube, Ben Abbes est interpellé par la gendarmerie, escorté jusqu’à Roissy et installé à bord d’un vol à destination de la Tunisie. Pour la suite, laissons la place à notre confrère, qui raconte bien : « L’avion 5’appréte à quitter le tarmac, quand ordre est donné par le ministère de I’Intérieur de stopper la procédure de décollage et de débarquer Farouk Ben Abbes... » Et le quotidien de conclure sans broncher: « Ofiiciel— lement, la mesure d expulsion est suspendue au motif de l înterdiction qui est faite au suspect de quitter le territoire. » On avait deviné; mais expliqué « oficiellement » comme ça, ça paraît tellement logique qu’on ne sait plus très bien pourquoi on vous a raconté tout ça... SEVENTY AND Hlll|]|Nli Vendredi 26 août À eux deux, les frères Mael (Ron et Russell) tutoient les 140 ans. Mais tandis que leurs collègues musiciens des 70’, même ceux qu’on a tant aimés, tournent depuis longtemps en rond (quand ils tournent encore), les Sparks continuent de créer des choses nouvelles sous le soleil du rock (au sens large, ta gueule). Aujourd’hui, sur leur site, les frères de la côte ouest promettent donc à leurs « Loyal fans » un 24e album. Et dans le teaser, sur fond de musique solennelle et d’images d’ouvriers sidérurgistes qui font des étincelles, on nous annonce un produit artisanal « roustonné » à l’ancienne : Manufactured in Los Angeles Years in the making Artisan crafted Attention to detail The new album SPARKS Coming 2017 Quant au contenu, mystère et boule de shit ! Rien que depuis le nouveau millénaire, le duo fou a produit entre autres deux albums de musique classicorépétitive,untroisièmetouche-à-tout,unopérarocket même un disque en commun avec Franz Ferdinand ! Autant dire que je m’attends à tout de leur part. Si seulement ils pouvaient m’éviter le hip-hop. .. o
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