NUMERO n°160 - Page 1 - Numéro n°160 février 2015 Ont collaboré à ce numéro Rochelle ADAM, Andrew AYERS, Chloé BADAWY, Tom BETTERTON, BLOMMERS& SCHUMM, Koto BOLOFO, Cecilia BOWE, Constance BRETON, Bruno CARLEN, Zoe CASSAVETES, Dario CATELLANI, Jessica CRAIG-MARTIN, Fernando DAMASCENO, Rebecca DE VOLKOVITCH, Stéphane FEUGÈRE, Robbie FIMMANO, Jenny GAGE, Sophie HOUDRÉ, Olivier JOYARD, Greg KADEL, James KALIARDOS, Carmen KAPHEIM, Billy KIDD, Taylor KIM, Havana LAFFITTE, Clara LE FORT, Thomas LEGRAND, Paul LEPREUX, Danielle LEVITT, Elliot LEWIS, Clément LOMELLINI, Joss MCKINLEY, Isabelle MILLER, Yves MIRANDE, Jean-Baptiste MONDINO, Mauro MONGIELLO, Plamen PETKOV, Benoît PLATÉUS, Pascale RENAUX, Sofia SANCHEZ, Daniel SANNWALD, Hedi SLIMANE, Jessica STRELEC, TANIA ET VINCENT, Camille-Joséphine TEISSEIRE, Nicolas TREMBLEY, Éric TRONCY, Victoria VANKESTEREN, Patti WILSON Publicité Lagardère Publicité: 10, rue Thierry-Le-Luron, 92300 Levallois-Perret Constance BENQUE présidente Caroline POIS-BOISSON directrice générale adjointe, tél.: 0141348311, caroline.pois@lagardere-pub.com Emmanuel LALA directeur commercial, tél.: 01413483 95, emmanuel.lala@lagardere-pub.com Frédérique CHALMETON directrice de la publicité, tél.: 0141348223, frederique.chalmeton@lagardere-pub.com Gunes AKDORA directrice de clientèle, tél.: 0141348624, gunes.akdora@lagardere-pub.com Clémence JOCKEY directrice de clientèle, tél.: 0141348498, clemence.jockey@lagardere-pub.com Julie GOYHENECHE assistante de publicité, tél.: 0141348370, julie.goyheneche@lagardere-pub.com Correspondant italien: JB MEDIA (Milan), Jeffrey BYRNES, tél.: +390229013427, jeffrey@jbmedia.com Relation abonnés/Vente anciens numéros Par téléphone: 0144848020, par courrier: Everial CRM, 123, rue Jules-Guesde, CS70029, 92309 Levallois-Perret Cedex Tarif France métropolitaine: 44 € (1 an pour 10 numéros) Abonnez-vous en ligne ou commandez d’anciens numéros sur www.numero-magazine.com ou numeroabo@dipinfo.fr Distribution France Presstalis Ventes (dépositaires et diffuseurs exclusivement), tél.: 0156889805 Distribution à l’étranger: Export Press Réglages réseau: À Juste Titres Imprimerie: Druckhaus Kaufmann, Raiffeisenstr. 29 D - 77933 Lahr (Allemagne) Numéro est édité par Numéro Presse SAS (40109,34 €) Siège: 5, rue du Cirque, Paris VIIIe . RCS Paris B 418 680 054. Durée de la société: 99 ans. Tous droits de reproduction réservés. Numéro CPPAP: 0715K 78678. ISSN 1292-6213. Dépôt légal à parution. Éditions internationales Numéro Tokyo: Fusosha Publishing Inc., directrice de la publication: Akiko Sakagushi. Numéro China: Modern Media Co., Ltd., directeurs de la publication: Thomas Shao et Alain Deroche. Numéro Russia: Artcom Media Group, directrice de la publication: Gala Gladkikh. Numéro Thailand: Fond Publishing International Co., Ltd, directrice de la publication: Amornsiri Boonyasit. Paul-Emmanuel REIFFERS Directeur de la publication Babeth DJIAN Directrice de la rédaction assistée de Leslie KALFA Samuel FRANÇOIS Rédacteur en chef mode Delphine ROCHE Rédactrice en chef magazine Mode Rebecca BLEYNIE, Spela LENARCIC, Irina MARIE, Vanessa METZ, Sheila SINGLE, Charles VARENNE Magazine Thibaut WYCHOWANOK rédacteur en chef adjoint Philip UTZ rédacteur at large Alexandra DEJEAN secrétaire générale de la rédaction Franck MONTEL rédacteur-réviseur François CASTRILLO assistant de la rédaction Beauté Laurence HOVART rédactrice en chef beauté Aude BOISSOU assistante de la rédaction Digital Margaux REIFFERS directrice des activités digitales Service artistique Blandine CHABANI directrice artistique Jérôme VERBRACKEL graphiste Cécile LIOTIER graphiste Production photo Yan SUN chargée de la production photo Guillaume BOURDET directeur de casting Lucie ETCHEBES stagiaire Administration Grégory REIFFERS directeur administratif et financier Alla NEGER comptable Promotion/Diffusion/Numérique Jérémy RIBEIRINHO chargé de diffusion, print et digital tél. : 01 56 88 98 05 Rédaction: 5, rue du Cirque, Paris VIIIe . Standard-accueil, tél: 0156889800, fax: 0156889838 Pour envoyer un e-mail à votre correspondant, tapez l’initiale de son prénom suivie de son nom et de @numero-magazine.com Printed in U.E. Guest listGuest list Éric Troncy commisaire d’exposition et critique Collaborateur cher à Numéro, Éric Troncy partage depuis plusieurs années ses enthousiasmes et ses déceptions sur le monde de l’art. Esprit fin, drôle et cultivé, il s’interroge ce mois-ci (p. 228) sur les errances de ce milieu, entre un concert de Miley Cyrus à la Foire de Art Basel Miami et l’Instagram assassin d’un critique d’art désabusé. Éric, lui, n’a pas perdu la foi. Pour preuve la sublime exposition qu’il organise à la Galerie Almine Rech à Paris juqu’au 14 février. The Shell (Landscapes, Portraits&Shapes) propose un panorama saisissant de la pratique de la peinture actuelle. Éric dirige également la revue d’art contemporain Frog, ainsi que le centre d’art contemporain Le Consortium à Dijon. Dario Catellani photographe Dario Catellani a signé pour ce Numéro la série “L’existentialiste” (p. 190) : “Une de mes références pour le décor était la cuisine de ma grand-mère et la simplicité qui se dégageait de cette pièce colorée, typique des années 70 en Italie.” Parti pour faire carrière dans l’ingénierie civile, Dario Catellani choisit de tout arrêter pour s’adonner à sa passion pour la photographie. À 26 ans, il quitte son Italie natale et s’installe à New York où il débute en tant qu’assistant de Craig McDean. Ses portraits sur fonds pastel et ses clichés à la lumière léchée sont actuellement présentés dans l’ouvrage The Art of Fashion Photography aux éditions Prestel, et Dario prépare également une exposition à New York sur le thème de la lutte. 46 Guest list Danielle Levitt photographe En véritable figure de la vie newyorkaise, Danielle Levitt est aussi connue pour ses sorties nocturnes (elle a ouvert un bar en 2013) que pour ses clichés de stars (Jessica Chastain, Robert Pattinson, Robert De Niro, Lena Dunham…), de la jeunesse américaine et des cultures alternatives. Pour Numéro, elle a accepté avec enthousiasme de photographier le rappeur queer Mykki Blanco, phénomène de la scène alternative internationale (p. 66). “Mykki est une personnalité insolente et pleine de vie, raconte la photographe. Il n’a peur de rien, il est courageux et honnête. Si seulement il y avait plus de gens comme lui dans le monde!” Joss McKinley photographe L’histoire entre le photographe britannique et Numéro commence par un homard. Pour sa première image publiée dans le magazine, Joss McKinley n’a rien trouvé de mieux que d’enfoncer l’animal dans l’orifice de l’objet photographié. Cela ne pouvait que nous charmer. L’image facétieuse n’en était pas moins aussi saisissante qu’une peinture classique hollandaise. Alors c’est avec plaisir que nous retrouvons l’artiste, installé à New York, pour une série de photographies portant sur le travail du designer Pierre Paulin (p. 112), ainsi que pour une photo d’un meuble étonnant réalisé par la Chinoise Naihan Li (p. 110). Les œuvres de l’artiste né en 1981 font déjà partie des collections permanentes du musée Foam à Amsterdam et de la National Portrait Gallery à Londres. 48 Édito “Il n’est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage”, disait Périclès. Plus que jamais la liberté de la presse et la liberté d’expression demandent à être farouchement défendues. Ces acquis sont nos biens les plus précieux. La mobilisation mondiale et la solidarité historique du 11 janvier en sont la plus belle preuve, le plus beau symbole. Nous sommes tous Charlie. 160 Babeth D A N S L’ Œ I L D U F L  N E U R Sacré numéro On résume parfois hâtivement Nobuyoshi Araki à ses images de nus et de bondage à l’érotisme controversé. Son exposition actuelle au musée Foam d’Amsterdam, va bien au-delà. Photography for the Afterlife jette un éclairage mélancolique sur sa conscience aiguë de la finitude de la chair et sur ses pulsions contraires de vie et de mort. Par Delphine Roche Pulsions 54 CourtesyofNobuyoshiArakiincollaborationwithGalerieAlexDaniëls–ReflexAmsterdam Image extraite de la série Alluring Hell (2008) de Nobuyoshi Araki. Peinture sur tirage argentique en noir et blanc, 56 x 45,5 cm. CourtesyofNobuyoshiArakiincollaborationwithGalerieAlexDaniëls–ReflexAmsterdam Sacré numéro La chair est triste : elle porte au cœur de sa vitalité même les prémices de sa propre fin. Dans l’histoire de la photographie, nul artiste n’a su imbriquer éros et thanatos aussi étroitement que Nobuyoshi Araki. Retranché aujourd’hui dans un silence dont il ne sort que pour évoquer son obsession de la mort, le Japonais déploie au musée Foam d’Amsterdam une exposition rétrospective au titre évocateur, Ojo Shashu – Photography for the Afterlife: Alluring Hell. Une large sélection d’images allant de ses premiers travaux jusqu’à une série réalisée en 2014, qARADISE, où il mêle de petites poupées et des fleurs pour constituer des bouquets étranges, sublimes et grotesques. En substituant ici des poupées au corps féminin qu’il a tant célébré dans ses images de nus et de bondage, Araki s’autoparodie : ces images récentes semblent les ombres, ou les échos lointains de ses travaux précédents. Des reflets symétriques, comme si la vie avait réellement basculé du côté de la mort. Souvent présenté comme un personnage exubérant, l’artiste est habité par cette gravité depuis la mort de sa femme, dont il avait témoigné par la photographie en 1990. Les images de nus, de sexe, de bondage, qui n’apparaissent qu’après cet événement, bien qu’elles constituent la partie la plus connue de son œuvre, portent la trace d’une mélancolie tenace, d’une conscience aiguë de la finitude de l’homme et du monde. Si bien que chaque photographie de Nobuyoshi Araki, depuis lors, se rattache au thème de la vanité, comme l’explique le galeriste Kamel Mennour, qui l’a exposé au public parisien en l’an 2000, et suivi Image extraite de la série qARADISE (2014) de Nobuyoshi Araki. Tirage Ramda, 60 x 90 cm. 57 Dans l’histoire de la photographie, nul artiste n’a su imbriquer éros et thanatos aussi étroitement qu’Araki. Lorsqu’il substitue, dans ses images récentes, de petites poupées au corps féminin qu’il a tant célébré, Araki s’autoparodie, comme si la vie avait réellement basculé du côté de la mort. CourtesyofNobuyoshiAraki Image extraite de la série qARADISE (2014) de Nobuyoshi Araki. Tirage Ramda, 60 x 90 cm. 58 Sacré numéro depuis, nouant avec lui une relation d’amitié et d’estime réciproque. “Ma galerie existait depuis un an lorsque je l’ai rencontré, explique-t-il. Je suis allé le voir au Japon, où il m’a reçu comme un prince. Nous sortions dans Shinjuku, il avait 60 ans, mais possédait la vitalité d’un jeune homme. En l’an 2000, il était une star au Japon, mais peu connu en France. J’avais exposé les travaux de Larry Clark à Paris, ceux de Pierre Molinier, si bien que notre public était averti. Mais nous avions tout de même fait figurer un texte d’avertissement pour expliquer qu’il s’agissait là d’un immense artiste. En vérité, tous les travaux d’Araki sont des vanités contemporaines. Sous son personnage enjoué, cette caricature de lui-même aux cheveux en pétard qu’il a fréquemment mise en scène dans ses images, Araki possède une gravité, une profondeur abyssale. Rien n’est gratuit, rien n’est vraiment léger avec lui. D’ailleurs, il n’aime pas numéroter ses tirages : chacun est comme une partie de luimême, un morceau de chair. Son œuvre est toujours autobiographique, quoi qu’il photographie. Il réconcilie dans ses photographies les pulsions contraires de vie et de mort qui probablement l’écartèlent.” En 2013, le maître réalisait pour Numéro une composition macabre de poupées aux têtes arrachées. Aujourd’hui âgé de 74 ans, Araki observe et commente son propre déclin à travers l’œuvre qu’il poursuit. Se penchant sur son passé pour constituer son exposition au Foam, l’artiste a redécouvert des tirages de nus en noir et blanc qu’il avait recouverts de peinture. Araki a également sélectionné des instantanés réalisés avec Impossible, la société qui a relancé, avec le succès que l’on connaît, le processus du Polaroid. Hantée par la mort, chaque exposition d’Araki est habitée, à présent, par une lumière crépusculaire à travers laquelle le photographe communique avec le monde. Chaque exposition est une rencontre avec son âme, un témoignage de son état d’esprit. S’y rendre, c’est tout simplement une façon de prendre de ses nouvelles. Une bonne raison d’aller visiter le musée Foam pour saluer un grand artiste. Araki, Ojo Shashu – Photography for the Afterlife: Alluring Hell, musée Foam, Amsterdam, jusqu’au 11 mars. www.foam.org. “Araki possède une gravité, une profondeur abyssale. Rien n’est gratuit, rien n’est vraiment léger avec lui. D’ailleurs, il n’aime pas numéroter ses tirages : chacun est comme une partie de lui-même, un morceau de chair.” Kamel Mennour
NUMERO n°160 - Page 1
NUMERO n°160 - Page 2
viapresse